Cette thèse est un essai d’analyse de la recomposition de l’espace social kinois qui résulte des mutations politiques et économiques que connaît le Congo post-ajustement. Cette recomposition procède d’une part de la faillite des itinéraires d’ascension sociale fondée sur le capital scolaire (diplôme) et le salariat (surtout dans l’administration publique) mis en place par le pouvoir colonial d’une part, et, d’autre part, de l’apparition à partir des années 80 d’autres itinéraires tout aussi efficaces pour accéder à la réussite socio-économique (pensons ici à l’exploitation artisanale de diamant, à la prolifération des églises de réveil, à la musique, au sport, à la migration vers l’Occident, à l’entreprenariat politico-militaire des dix dernières années…). Cette recomposition de l’espace social kinois n’a-t-elle pas transformé les représentations de la réussite sociale dans les milieux populaires kinois ? Surtout lorsque l’on considère les pratiques des nouvelles catégories émergentes (pasteurs, musiciens, les jeunes exploitants de diamants dans la province angolaise de Lunda Norte appelés Bana Lunda, les jeunes de la diaspora congolaise en Europe dénommés mikilistes, cambistes de rue, etc.), leur pulsion de conquérir les biens de prestige et de les exhiber, leur munificence, bref leur « ethos de magnificence », ont-ils opéré une rupture avec les anciennes représentations de la réussite sociale (diplôme et salariat) ainsi que leur mode expressif ? Au demeurant, l’objectif poursuivi dans ce travail est de cerner les représentations que les nouveaux itinéraires d’ascension sociale sécrètent dans l’imaginaire populaire à Kinshasa ainsi que les processus sociaux qui profilent derrières ces représentations.