Les présupposés pratiques faits de normes, d'images, de stéréotypes, de préjugements et même de syndromes dont usent les principaux acteurs du développement, constituent l'objet de notre étude. Il s'agit de mettre en lumière les "représentations sociales "du développement qui président au changement social que veulent produire les acteurs du développement.

L'étude des représentations sociales est essentielle pour appréhender le cadre pratique dans lequel les acteurs agissent et la saisie des cadres pratiques nous a permis, grâce à la théorie du changement de Bateson, reprise et développée par ce que l'on peut appeler le groupe ou l'école de Palo Alto, de comprendre le mode et la nature du changement produit, voulu ou inspiré inconsciemment ou non, par les acteurs du développement.

Il y a des changements qui procèdent des modifications à l'intérieur du système et il y a des changements qui procèdent des modifications du système, il y a des changements qui ne sont que source de permanences et il y a des changements qui surgissent lorsqu'on s'y attend le moins.

A travers leurs discours, les ONG ont la prétention d'induire un changement nouveau, différent de celui mis en oeuvre par les institutions officielles des Etats, elles disent - en théorie - se démarquer des modes d'approche officiels de développement.

Mais que comporte cette démarcation en terme de changement ? Quelle est la nature du et/ou des cadres du développement propres aux ONG belges de cofinancement ? Quels rapports entretiennent - ils avec le mode général du développement ? Le contenu du cadre - les représentations sociales - du développement modifie-t-il le cadre général du développement ou s'assimile-t-il autrement à ce dernier ?

Notre étude montre que le/les cadre(s) dans lequel (lesquels) agissent les ONG belges de cofinancement ne modifie(nt) pas la structure du cadre général ou primaire, il(s) définit (définissent) un processus de changement qui procède des modifications à l'intérieur du cadre primaire (général, officiel) sans modifier les structures de ce cadre.

Nous démontrons aussi que le mode de changement inspiré des représentations sociales du développement, comme celui inspiré des cadres primaires du développement est paradoxal et induit une situation de double-contrainte, perceptible dans le langage de ceux qui représentent les ONG.